Disparités régionales de la densité médicale en Tunisie : une urgence sanitaire silencieuse


La Tunisie présentait de profondes disparités régionales en matière d’accès aux soins, comme en témoigne la densité médicale par quartile représentée sur la carte ci-dessus. Ce graphique met en lumière l’inégale répartition des médecins à travers les différentes régions du pays, un indicateur clé de l’équité dans l’accès aux soins de santé.

Une densité très contrastée

La densité médicale — nombre de médecins pour 10 000 habitants — varie fortement d’un gouvernorat à l’autre. Les régions du littoral oriental, notamment Tunis, Sfax, et Mahdia, affichent les densités les plus élevées, allant jusqu’à 39,05 médecins pour 10 000 habitants, un chiffre nettement au-dessus de la moyenne nationale.

À l’inverse, des gouvernorats comme Kasserine, Sidi Bouzid, Kairouan ou encore Tataouine se situent dans le quartile le plus bas, avec une densité allant de 5,68 à 7,94 médecins pour 10 000 habitants. Cette sous-densité médicale rend l’accès aux soins spécialisés difficile pour une grande partie de la population rurale ou intérieure.

Les causes de la disparité

Plusieurs facteurs expliquent cette répartition inégale :

  • Attractivité économique et sociale : les grandes villes offrent de meilleures conditions de vie et de travail aux professionnels de santé.

  • Infrastructures sanitaires inégales : les régions défavorisées manquent d’équipements modernes, ce qui limite la pratique médicale.

  • Déficit de politiques incitatives : il existe peu de mesures fortes pour encourager l’installation de médecins dans les zones sous-dotées.

Conséquences sur la santé publique

Ces disparités ont un impact direct sur :

  • La prévention et la détection précoce des maladies chroniques.

  • La continuité des soins pour les patients vivant loin des pôles médicaux.

  • Les urgences médicales, où les délais d’intervention peuvent être critiques.

Vers une répartition plus équitable

Pour corriger ces déséquilibres, plusieurs actions peuvent être envisagées :

  • Incitations financières et fiscales pour les médecins exerçant dans les régions défavorisées.

  • Déploiement de la télémédecine, en particulier dans les zones rurales (comme le propose Siladoc).

  • Renforcement des centres de santé primaires avec du personnel qualifié et des équipements adaptés.

  • Politiques de régionalisation de la formation médicale, en implantant des facultés et CHU en dehors du Grand Tunis.


Conclusion
L’inégalité d’accès aux soins reste un défi majeur pour la Tunisie. Réduire les disparités médicales régionales est une condition essentielle pour garantir l’équité et l’efficacité du système de santé. Ce graphique de 2019 doit servir d’alerte et de base pour repenser la répartition des ressources humaines en santé à l’échelle nationale.


source: Statistiques MES 2019